Au Venezuela, les violations des droits de l’homme « continuent de se produire » et les attaques « sélectives » contre l’espace civique et démocratique s’intensifient à travers des politiques d’État visant à « faire taire » ceux qui sont en désaccord avec le gouvernement du président Nicolas Maduro, conclut le dernier rapport de l’Internationale indépendante. La Mission d’enquête sur le Venezuela (FFM) a été publiée mercredi.
Marta Valiñas, présidente de la Mission, a précisé que le quatrième rapport, qui sera présenté la semaine prochaine au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, inclut les événements survenus entre janvier 2020 et août de cette année et a souligné qu’il était axé sur l’appareil d’État. et ses mécanismes de répression, ainsi que les restrictions de l’espace civique et démocratique.
Il a également précisé qu’aux fins de la mise à jour, 43 nouveaux cas de violations des droits de l’homme affectant 72 personnes ont fait l’objet d’une enquête.
En outre, il a déclaré que la FFM a estimé qu’il existe des motifs raisonnables de croire qu’au moins 5 privations arbitraires de la vie, 14 disparitions forcées de courte durée et 58 détentions arbitraires ont été commises au cours de cette période. Il a également documenté 28 cas de torture ou de traitements cruels, inhumains ou dégradants sur des détenus.
« De graves violations des droits humains continuent de se produire au Venezuela. Ces dernières années, ces incidents ont été davantage dirigés contre certains membres de la société civile, notamment des dirigeants syndicaux, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme (…) Des mécanismes de répression continuent d’exister, ce qui rend la surveillance internationale des droits de l’homme au Venezuela « plus cruciale ». que jamais », a déclaré Valiñas lors d’une conférence de presse.
Valiñas a réitéré que la FFM a des raisons de croire que les forces de sécurité telles que la Direction générale du contre-espionnage militaire (DGCIM), le Service national bolivarien de renseignement (SEBIN) et la Police nationale bolivarienne (PNB), sont « responsables » des violations.
Francisco Cox Vial, membre de la FFM, a expliqué que l’utilisation par l’État de son « appareil répressif est devenue plus sélective ».
« En partie à cause de l’effet inhibiteur de ses efforts antérieurs pour réprimer la dissidence, de l’examen international des violations passées, ainsi que du fait que de nombreuses personnes ont fui le pays. Cependant, le recours à des mécanismes répressifs « plus doux » est soutenu par la menace latente que l’État puisse recourir à tout moment à des mécanismes plus durs que le gouvernement peut activer ou désactiver à sa guise », a-t-il expliqué.
Patricia Tappatá Valdez, membre de la FFM, a averti que la répression sélective contre les dirigeants politiques et sociaux s’intensifie dans le contexte des prochaines élections présidentielles prévues en 2024.
« Le manque d’indépendance et les actions délibérées des institutions judiciaires et constitutionnelles, notamment le Bureau du Contrôleur financier et le Conseil national électoral (CNE), limitent la capacité des dirigeants sociaux et politiques à agir librement. Ces dynamiques étouffent et suppriment le débat politique », a-t-il déclaré.
Tappatá a décrit le interdiction d’exercer des fonctions publiques contre les candidats de l’opposition à la présidentiellela judiciarisation du Parti communiste du Venezuela (PCV) et la récente condamnation à 16 ans de prison contre six dirigeants syndicaux.
La FFM fait référence dans le rapport à la nouvelle Direction des Actions Stratégiques et Tactiques (DAET) de la PNB, qui, affirme-t-elle, a des fonctions similaires et « agit de la même manière » que les Forces d’Action Spéciale (FAES), l’une des des structures « plus impliquées » dans les exécutions extrajudiciaires, entre autres violations « graves » des droits humains.
« La transformation du FAES en DAET est un simple changement de nom qui montre l’impunité persistante et la continuité des violations graves des droits de l’homme (…) il est impératif de surveiller les actions du DAET afin qu’il n’agisse pas en violation des obligations internationales de l’État vénézuélien en matière de protection et de respect des droits de l’homme », a souligné Valiñas.
Dans un rapport présenté il y a exactement un an, la FFM, qui n’est pas reconnue par le gouvernement du président Nicolas Maduro, concluait que des personnalités de haut rang de la chaîne de commandement des services de renseignement vénézuéliens avaient commis des « crimes contre l’humanité » et accuse Maduro de diriger des plans de répression contre la dissidence.
En octobre de l’année dernière, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (ONU) a approuvé une résolution visant à prolonger de deux ans le mandat de la FFM, qui a été créée en 2019, par une résolution, pour une période de deux ans pour évaluer les violations présumées des droits de l’homme commises depuis 2014.
Le projet de résolution a été qualifié par le représentant du Venezuela devant le Conseil des droits de l’homme, Héctor Constant, d’« initiative hostile » et il a averti, à l’époque, qu’il entraverait les relations de coopération et d’assistance technique du gouvernement avec le Haut-Commissariat. Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU (HCDH).
Pour les organisations vénézuéliennes et étrangères de défense des droits fondamentaux, la FFM joue un rôle fondamental en complétant le travail d’autres mécanismes internationaux de défense des droits de l’homme au Venezuela.
En juin, La Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) a autorisé le procureur de la CPI, Karim Khan, à reprendre l’enquête sur le Venezuela pour crimes contre l’humanité affirmant que l’État vénézuélien « n’enquête pas ou n’a pas enquêté sur des actes criminels susceptibles de constituer des délits ».