Les défenseurs des droits humains ont demandé à l'ONU d'agir contre les crimes contre l'humanité au Nicaragua

Au moins 21 organisations humanitaires ont demandé aux pays membres des Nations Unies (ONU) de prendre des mesures immédiates contre la dictature nicaraguayenne face à de graves violations des droits humains, notamment la torture et l'apatridie, des comportements qualifiés de crimes contre l'humanité.

La pétition a été présentée par le collectif 46/2, qui regroupe des entités nicaraguayennes et régionales de défense des droits humains. Le collectif soutient le travail du Groupe d'experts des droits de l'homme des Nations Unies sur le Nicaragua, une mission indépendante créée pour enquêter sur la situation depuis 2018.

La déclaration de ces organisations, dont Raza a Igualdad et le Centre pour la justice et le droit international (Cejil), a exhorté les pays membres de l'ONU « à explorer toutes les voies disponibles de la justice internationale », sous l'argument selon lequel « l'impunité ne peut pas être la réponse aux violations systématiques des droits de l'homme par l'État du Nicaragua ».

Selon ce groupe, la dictature dirigée par Daniel Ortega et Rosario Murillo a mis en œuvre une politique d'État visant à réprimer la dissidence, en recourant à la violence, à l'intimidation et au démantèlement des garanties fondamentales et de l'État de droit.

Selon les Nations Unies, ces actions constituent un ensemble de violations graves, systématiques et généralisées. Jan-Michael Simon, président du Groupe, a expliqué devant l'Assemblée générale que la réputation internationale du Nicaragua avait été ternie par la répression étatique contre les opposants et les organisations civiles.

L'ONU a créé un groupe

Le Groupe d'experts a identifié, depuis 2018, une séquence de quatre phases : répression violente des manifestations avec exécutions extrajudiciaires et détentions arbitraires ; bloquer les alternatives électorales par des arrestations et des fermetures de médias ; démantèlement de la société civile et exil forcé des opposants ; et enfin un contrôle étatique qui transcende les frontières nationales.

Le rapport de l'ONU souligne également la souffrance des familles des victimes de disparition forcée. L'expert Reed Brody a qualifié d'inquiétant l'augmentation de ces cas et le manque d'informations sur les personnes concernées.

Par ailleurs, l’apatridie apparaît comme un mécanisme répressif : au moins 452 Nicaraguayens ont été privés de leur nationalité, selon les Nations Unies.

La répression s'est étendue au-delà des frontières. En juin 2025, Roberto Samcam, major à la retraite et opposant au régime nicaraguayen résidant au Costa Rica, est assassiné.

Samcam avait signalé les violations

Ce crime constitue au moins la quatrième attaque enregistrée contre des Nicaraguayens exilés dans ce pays et, selon le Groupe d'experts, ceux qui s'opposent à la dictature depuis l'exil vivent dans une peur constante.

Ce samedi, la dictature nicaraguayenne a libéré avec une peine définitive 1 000 prisonniers de droit commun, qui purgeront désormais le reste de leur peine sous le régime de la coexistence familiale à leur domicile. Grâce à cette action, le nombre de prisonniers libérés cette année s'élève à 8 400.

Comme l'a rapporté la ministre de l'Intérieur, María Amelia Coronel Kinloch, la décision s'inscrit dans le cadre de la Toussaint et a été présentée par les autorités comme un geste en faveur de la paix, du bien-être et de l'unité familiale.

Au cours des dix dernières années, les autorités nicaraguayennes ont placé 53 164 détenus de droit commun sous un régime de cohabitation familiale, avec un taux de récidive de 7,18 %, selon les données officielles.