Les données les plus alarmantes du rapport de la Mission indépendante des Nations Unies au Venezuela

(FFM pour son sigle en anglais) a enquêté sur les cas de 122 officiers et anciens officiers des Forces armées nationales bolivariennes (FANB) et des civils qui leur sont associés, détenus entre février 2014 et 2022, constatant que, « dans certains cas, le président Nicolás Maduro et d’autres personnes de son entourage proche ont participé à la sélection des personnes détenues par les agences de renseignement de l’État.

Le rapport de la FFM précise que les actes commis, principalement par des membres du Service national bolivarien de renseignements (SEBIN) et de la Direction générale du contre-espionnage militaire (DGCIM), étaient « particulièrement cruels » et ciblaient des « personnes sans défense », opposants au gouvernement, « réelle ou perçue ».

Les entretiens de la mission avec d’anciens employés de la DGCIM révèlent que l’agence d’État « plante ou manipule » des preuves pour encadrer des cibles et que les tactiques comprennent le placement d’armes ou de propagande politique dans leurs maisons, ainsi que

« Selon d’anciens employés et détenus de la DGCIM, des agents effectuent régulièrement des descentes dans les propriétés des cibles pour voler de l’argent et d’autres objets de valeur », indique le texte publié mardi.

La Mission rapporte que l’ancien directeur du SEBIN entre 2018 et 2019, Christopher Figuera, aujourd’hui à l’extérieur du pays, les a informés que « les ordres de fond provenaient principalement du président Maduro ».

« D’autres sources ont également confirmé à la Mission que le président Maduro avait directement donné des ordres au SEBIN. Selon de nombreuses sources, Diosdado Cabello dispose également d’un pouvoir important au sein du SEBIN et donnait des ordres directement au directeur général », explique-t-il.

Le rapport souligne que, lors d’entretiens avec la Mission, plusieurs anciens responsables de la DGCIM ont déclaré que des agents de l’État cubain ont « instruit, conseillé et participé » à des activités de renseignement et de contre-espionnage avec cette agence de renseignement vénézuélienne.

Dans quelles conditions sont-ils et à quoi ressemblent les tortures ?

Les cellules du siège de la DGCIM à Boleita, dans la capitale vénézuélienne, « manquent de lumière naturelle » ; les anciens détenus ont dû déféquer dans des sacs ou des bouteilles en plastique et ont été forcés de « manger de la nourriture par terre », décrit le rapport de la FFM.

Les personnes interrogées par la Mission ont également fait référence au réseau de « centres clandestins » de la DGCIM où, disent-ils, les détenus sont emmenés pour être interrogés et « soumis à des tortures et des violences sexuelles ».

Les actes de torture, selon les entretiens réalisés par la FFM, se sont généralement produits lors des interrogatoires, mais dans d’autres cas pendant des « périodes plus longues ».

Certaines des méthodes de torture exposées dans le rapport comprenaient des coups avec des objets, des décharges électriques, la suffocation avec des sacs en plastique et des positions de stress, ainsi que des formes de torture psychologique.

Des « actes de violence sexuelle ou sexiste » ont également été commis contre des soldats et des civils, notamment « des viols, des menaces de viol, la nudité forcée et des attouchements d’organes sexuels ».

« La Mission a documenté des cas de perte des fonctions sensorielles ou motrices, des lésions reproductives et au moins un avortement spontané, à la suite d’actes de torture infligés par des agents de la DGCIM », détaille le rapport.

La FFM affirme également que le directeur général de la DGCIM, la plus haute autorité, « exerce directement le commandement avec toutes les directions hiérarchiques » qui ont été impliquées dans des violations des droits de l’homme et soutient qu’il « participe étroitement aux opérations de décisions de la DGCIM ».

« La Mission a reçu des informations selon lesquelles le directeur général, à son tour, reçoit des ordres directement du président, y compris en ce qui concerne , bien que celles-ci ne soient pas transmises par écrit pour éviter une trace écrite. Bien que le directeur général participe rarement aux opérations ou aux interrogatoires, la Mission a reçu des informations sur certains cas auxquels il a participé directement, notamment dans des cas de grande importance », indique le rapport de la FFM.

Dans le cas du siège du SEBIN à El Helicoide, également à Caracas, la Mission note que les personnes interrogées ont décrit les conditions de détention comme « indignes », surpeuplées et sans lumière naturelle ni eau.

« Les prisonniers n’avaient droit qu’à une seule visite quotidienne aux toilettes, beaucoup devaient uriner dans des bouteilles en plastique. Les conditions affectaient de manière disproportionnée les femmes détenues, notamment pendant les menstruations », relate la FFM, citant ceux qui les ont interrogées de manière confidentielle et sécurisée.

Quant aux tortures au SEBIN, « elles étaient pratiquées dans les premiers jours de détention, avant les premières comparutions devant le tribunal ».

« D’anciens employés du SEBIN ont déclaré que la torture avait été ordonnée directement par le président Maduro, par les directeurs hiérarchiques ou par le directeur général », indique le texte et souligne que les méthodes de torture étaient similaires à celles mises en œuvre par la DGCIM.

Le gouvernement vénézuélien, qui ne reconnaît pas le mandat de la Mission créée en 2019, l’a qualifiée de « politisée et sans vertu ».

Pendant ce temps, différentes organisations internationales et la société civile vénézuélienne demandent que Au moins 7 pays de la région sont à la tête d’une résolution qui sera débattue début octobre au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.