Le Venezuela rejette le rapport de l’ONU sur les droits de l’homme et prendra des mesures contre la prolongation de la mission indépendante

Le gouvernement du président Nicolás Maduro a répudié le dernier rapport de la Mission internationale indépendante d’enquête sur le Venezuela (FFM en anglais) et, après avoir assuré qu’il présentait des « accusations fausses et sans fondement », a réitéré son « ignorance absolue » envers le mécanisme.

« À travers un nouveau pseudo-rapport, sans le moindre soutien méthodologique ni contact direct avec la réalité du pays, il est prévu de continuer à attaquer les institutions vénézuéliennes, dans le cadre de la stratégie criminelle de « changement de régime » promue par le gouvernement du États-Unis, avec la complicité de ses gouvernements satellites », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Héctor Constant, représentant du Venezuela au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a averti qu’ils prendraient « les mesures politiques et diplomatiques pertinentes dans les sphères bilatérales et multilatérales face à une éventuelle prolongation du mandat de ce mécanisme interventionniste ».

Le rapport, publié la semaine dernière et présenté ce lundi lors d’un dialogue interactif devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève, approfondit la façon dont des individus de haut rang dans la chaîne de commandement des services de renseignement vénézuéliens ont commis des « infractions constituant des crimes contre l’humanité » et soutient Maduro directement responsable de l’orchestration d’un plan de répression de la dissidence au Venezuela.

Le FFM a été créé en 2019 par une résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, pour une période de deux ans afin d’évaluer les violations présumées des droits de l’homme commises depuis 2014 et a été prolongé jusqu’en septembre 2022.

Les organisations vénézuéliennes et étrangères de défense des droits fondamentaux ont rappelé l’importance que le mandat du FFM, qui expire ce mois-ci, soit renouvelé début octobre.

« C’est un mécanisme important pour dissuader et contenir les abus de pouvoir au Venezuela, si nous n’avions pas le travail de la Mission, les violations des droits de l’homme seraient beaucoup plus graves aujourd’hui », a déclaré Rafael Uzcátegui, coordinateur de PROVEA, lors de la dialogue interactif l’une des plus anciennes organisations de défense des droits humains au Venezuela.

Plusieurs pays, dont le Brésil, le Canada, le Chili, le Guatemala, le Paraguay, le Pérou et l’Équateur, sont à la tête d’une résolution demandant le renouvellement du mandat du FFM devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

réactions

PROVEA, qui dénonçait la semaine dernière, quelques instants après la présentation du rapport du FFM, des actes de harcèlement de la part d’agents du renseignement, a réagi aux déclarations du gouvernement en assurant qu’il est « inacceptable » que des mesures soient annoncées contre des Etats pour avoir promu ou voté en faveur du renouvellement de la Mission.

« Le devoir de l’État vénézuélien est de se conformer de bonne foi aux traités internationaux, en acceptant les règles préétablies par l’ONU pour le vote des résolutions et leurs résultats », a-t-il souligné sur Twitter.

Juan Guaidó, reconnu comme président par intérim du Venezuela par des dizaines de pays, a assuré que la déclaration de l’État met en évidence « la nécessité de revoir la participation des dictateurs dans des espaces tels que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ».